Astral Bakers : La Rencontre du Grunge, du Folk et de l’Instant Présent
© Matthieu Torres
Après des années passées à accompagner les plus grands de la scène française, Sage, Zoé Hochberg, Théodora et Nicolas Lockhart se sont réunis pour former Astral Bakers. Un projet où quatre musiciens aguerris redécouvrent la magie de la première fois, entre soft grunge et folk intemporel. Un an après la sortie de The Whole Story, leur premier album enregistré en live, ils célèbrent cet anniversaire au Consulat Voltaire à Paris. Retour sur la naissance d’un groupe, la fusion de leurs influences et leur quête d’une authenticité sans artifice.
PRSNA : Quelle est la genèse d'Astral Bakers ?
Astral Bakers : Avant tout, on est des amis qui ont bossé ensemble sur plein de projets ces huit dernières années. En 2018, après une tournée avec Théodora, Nicolas et Sage, on s’est dit : “On adore ça, il faut qu’on le fasse plus souvent !” C’est comme ça qu’est née l’idée du groupe. Et très vite, on a su que Zoé serait la quatrième personne parfaite pour compléter l’aventure.
PRSNA : Quels défis avez-vous rencontrés en fusionnant vos influences musicales ?
A B : Le secret de notre bonne entente, c’est que chacun laisse de la place aux autres pour s’exprimer. Chacun participe à l’élaboration des albums en apportant sa sensibilité, ses influences et son style. On partage aussi des goûts communs, notamment pour le soft rock anglo-saxon, ce qui nous permet souvent d’être d’accord. Le principal défi reste de préserver cette écoute et cette cohabitation entre nous quatre.
PRSNA : D’où est venu le choix du nom "Astral Bakers" ?
A B : Dans notre groupe, "faire des pains" signifie faire une erreur en musique, comme une fausse note. Au début, on s'est amusés à se surnommer les "boulangers" parce qu’on répétait nos pains, d’où "Bakers". Ensuite, on a voulu donner une dimension plus céleste et psychédélique : des erreurs "terre à terre" qui s’élèvent et deviennent autres choses. Ces imprévus nous inspirent souvent de nouveaux arrangements ou même des parties de chansons. L’impro et la spontanéité sont au cœur de notre travail, et c’est ça, Astral Bakers : l’erreur heureuse.
PRSNA : Quel était votre premier objectif en tant que groupe ?
A B : Notre premier objectif était de ne faire aucun compromis et de retrouver une façon plus naturelle de faire de la musique : jouer ensemble, sans tout enregistrer tout de suite. On a longtemps travaillé sans ordi, juste avec un téléphone au milieu pour capturer nos maquettes. On a décidé de ne rien enregistrer tant qu’on n’avait pas joué en concert. Ce premier live, devant des amis et un peu de public, a été un déclic : ces chansons avaient une vraie vie. Après cette étape, on était prêts à les enregistrer, et c’est comme ça qu’est né The Whole Story.
PRSNA : Que raconte votre premier album The Whole Story ?
© Matthieu Torres
A B : Notre histoire. Déjà c’’est le titre d’une des chansons, et c’est la chanson qui termine l’album. C’est le premier morceau où on a un peu trouvé cette couleur soft grunge qu’on a voulu développer sur cet album et qu’on continue à développer. Quelque part, c’était un peu un point de départ cette chanson-là et on trouvait aussi un nom qui quelque part était évocateur et laissait un peu la place à toute sorte d’interprétation, mais c’était vraiment plus en référence à l’épiphanie qu’on a eu en composant et en produisant ce morceau.
PRSNA : Considérez-vous que ce morceau est celui qui résume l’âme d’Astral Bakers ?
A B : Peut-être pas forcément. C’est le morceau le plus rock du disque, le côté Grunge des Astral Bakers. Notre musique est variée, avec des titres plus pop ou acoustiques, disons que c’est la première pierre à l’édifice, il représente quelque chose d’important.
PRSNA : Vous avez choisi d'enregistrer les chansons en live, tous ensemble dans la même pièce. Quels défis avez-vous rencontrés en adoptant cette méthode d'enregistrement ?
A B : Le défi, c’est de jouer tous ensemble et créer un équilibre musical où tout doit s’imbriquer presque magiquement. On doit être très à l’écoute, comme des planètes alignées. La bonne prise peut arriver à la deuxième ou à la 35ᵉ, mais on sent quand la magie opère. Contrairement aux enregistrements en couches, ici, tout vit en même temps. Cela implique aussi d’avoir les chansons écrites avant d’enregistrer, car on ne peut pas assembler des morceaux après coup. Cette méthode demande une approche plus organique et complète de la création musicale.
PRSNA : Quel a été le morceau le plus difficile à composer ?
A B : L’enregistrement de “Beautiful Everything” a été le plus compliqué. On l’avait d’abord fait de manière classique sur ordi, mais ça ne collait pas à notre façon de jouer ensemble. Après plusieurs essais, on a trouvé la bonne approche et tout s’est bouclé en deux jours. Côté composition, des morceaux comme “One More” sont plus difficiles à finaliser, car ils n’ont pas de structure classique. Ils évoluent comme un voyage musical : on sait d’où on part, mais pas toujours où on va arriver.
PRSNA : Comment vos expériences passées ont-elles influencé la direction artistique d'Astral Bakers ?
A B : Nos expériences nous ont poussés à revenir à un processus plus authentique, en enregistrant en live, mêlant composition, arrangement et production. Après avoir beaucoup bossé sur ordinateurs, on avait envie de se détacher des contraintes technologiques pour quelque chose de plus naturel et organique. On a décidé de ne travailler qu’avec les instruments qu’on utilise sur scène : deux guitares, une basse, une batterie, et quelques percussions ou chœurs. On s’est limité à ça pour arranger les morceaux, ce qui nous a poussés à explorer au maximum les sons de chacun et à obtenir un disque qui reflète ce qu’on joue en live, avec peu d’artifices.
PRSNA : Votre son évoque des influences comme Big Thief, Supertramp ou encore Nirvana en unplugged. Ces références ont-elles influencé le choix de l’anglais dans vos chansons et votre communication sur les réseaux sociaux ?
A B : Les influences anglo-saxonnes, principalement américaines, anglaises, australiennes et canadiennes, ont joué un grand rôle dans notre musique. Le choix de l’anglais est profond, il remonte à nos débuts individuels et on a continué ensemble. Le français ne permet pas toujours les mêmes sonorités, et on sentait que ça ne nous mènerait pas là où on voulait aller. On pratique l’anglais depuis toujours, et on préfère se perfectionner dans cette langue que repartir à zéro en français. C’est aussi notre zone commune, où on s’exprime et écrit de manière cohérente.
PRSNA : Êtes-vous fier de votre premier album ? Qu’est-ce qui a le plus évolué entre votre premier et votre deuxième album ?
A B : On est fiers de The Whole Story, notre premier album, mais on est aussi super enthousiastes par rapport au deuxième qu'on est en train de finir. Peut-être qu’on en sera plus fiers. Le premier était spécial, une première expérience qu’on a adorée, mais le deuxième a une approche différente. On n’a pas cherché à refaire la même chose, ni à contredire le premier, on a juste évolué. On n’a pas de frustration par rapport à ce qu’on a fait avant. Cet album, on l'aime dès le début, et pour le second, on a poussé encore plus loin nos expérimentations, sans suivre une recette préétablie.
PRSNA : Avant Astral Bakers, certains d’entre vous ont collaboré avec des artistes comme November Ultra, Pomme ou Fischbach. Comment ces expériences ont nourri votre écriture ?
A B : Tout ce qu'on fait nous influence, même quand on est en studio ou qu'on travaille pour d'autres projets. Ça permet d'explorer des choses qu'on ne mettrait pas forcément dans notre propre musique. Du coup, ça nous a aidé à faire des choix plus simples pour nos projets perso, sans vouloir tout mélanger. On a déjà pu exprimer nos différentes influences, comme la musique électronique ou classique, dans d'autres projets, donc on évite de tout mettre dans le nôtre.
PRSNA : Y a-t-il un artiste avec qui vous avez travaillé qui vous a particulièrement marqué dans votre manière de voir la musique ?
A B : Certains d’entre nous ont accompagné des artistes sur scène et, au-delà des qualités musicales, on a été frappés par leur présence, aisance et leur relation avec le public. C'était hyper inspirant de voir ça de l'intérieur, même si ce n'est pas facile de reproduire cette énergie, car chaque artiste a sa propre manière de faire et ça demande de l’assurance. On pense à Fischbach et November Ultra, deux styles très différents, mais avec une force incroyable sur scène.
PRSNA : Quelle est votre collaboration de rêve ?
A B : Travailler avec Adrianne Lenker, la chanteuse de Big Thief serait super ! Ce serait aussi intéressant de collaborer avec des artistes d’un autre univers musical, comme Kendrick Lamar.
PRSNA : Parlez-nous de votre premier concert.
A B : C’était au consulat de Voltaire, un atelier électrique cosy avec des fils et des tapis, qui nous a rappelé le MTV Unplugged de Nirvana. Ce premier concert était très spécial, car on n’avait jamais joué cette musique devant un public. On avait invité des amis et de la famille, et c’était intimidant, mais aussi super. On avait joué comme on l’avait fait entre nous pendant des mois, et ça a vraiment marqué le groupe. C'était notre première apparition, le jour 1 du groupe et le début de notre aventure musicale, presque un baptême, un vrai "saut dans le vide".
PRSNA : Le 12 février, vous célébrez les 1 an de The Whole Story au Consulat Voltaire. Qu’est-ce que cette date représente pour vous ?
A B : L'anniversaire de Zoé tombe le 9 février, juste trois jours avant la sortie de l'album. Un an, c’est à la fois court et déjà bien rempli : on a tourné en France, en Europe, et même enregistré le deuxième album aux États-Unis. Ce premier anniversaire marque une année incroyable pour le groupe. On refait aussi ce concert pour ceux qui l’ont manqué il y a 3 ans, avec des versions acoustiques des morceaux, trois guitares, une basse, et pas de batterie. Ce sera un concert vraiment unplugged, de nouveau dans cette salle unique au Consulat, à la fois grande et intimiste, qui permet une grande liberté pour des concerts originaux. On aime l’idée de sortir des formats habituels.